Déclaration de soutien aux efforts de DIALOGUE et de TRANSPARENCE : Gens d'à-terre, rejoignez-nous !
Texte signé le 5 mai 2010 par les acteurs de la batellerie : protocole de sortie de crise et article 209 Pour expliciter notre engagement en tant qu'observateur : Blog Batellerie du Je Sers (discours pardon 2010)
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Bonjour à chacune et à chacun pour accueillir la flamme de ce 51ème Pardon et en particulier à tous nos amis de Ramsgate, Grossenauheim et Chimay. Bienvenue aux représentants de l'Etat, de la profession et aux élus. Le 5 mai dernier, exactement ici sur les quais, face à la passerelle saint Nicolas, nous pouvions voir une série de bateaux qui faisaient barrage à la circulation sur Depuis plusieurs mois, la situation ne faisait qu’empirer : prix tirés toujours vers le bas, et relations commerciales de plus en plus sauvages. Le 16 février, une réunion au ministère, avec Le lundi 3 mai a lieu une rencontre de crise au ministère. Le cœur de la revendication est simple : le respect du droit. Dans le code du domaine public fluvial et de la navigation intérieure, l’article 209 interdit de pratiquer un prix inférieur au coût de la prestation de transport. Autrement dit, il interdit tout simplement le travail à perte. Ce qui est compliqué, c’est de s’entendre sur le suivi juridique et comptable pour faire respecter cette loi. Le mercredi 5 mai, une nouvelle réunion au ministère débouche sur la signature d’un protocole de sortie de crise signé par
Pour ma part, en tant qu'observateur extérieur à la profession mais engagé auprès de la batellerie, je m’inquiète des rendez-vous annulés au ministère et de l’opacité qui règne dans l’intermédiation de frets. Les acteurs de la voie d’eau exercent leur liberté d’entreprise : c’est à eux de poursuivre le dialogue. Ils le font dans le cadre d’une organisation sociale du travail dont l’Etat garanti la justice des procédures : l’article 209 et le protocole de sortie de crise fournissent un début de cadre pour exercer le droit. Mon attention porte alors sur le sens du bien commun qui anime les institutions et les acteurs de la profession. Avec tous ceux qui y sont attachés, nous voulons promouvoir une culture du dialogue contre la politique de la chaise vide qui est aussi culture de la transparence contre l’opacité des transactions. Cette culture n’est ni mieux, ni moins bien ancrée dans la voie d’eau qu’elle ne l’est à terre. Elle est toujours à construire avec vigilance du coté la confiance plutôt que de la méfiance. Elle a besoin d’outils pour partager le sens du bien commun. L’un d’entre eux, internet, a beaucoup contribué à la diffusion d’informations lors des moments tendus de la crise. Ouvrir nos écrans d’ordinateurs sur les sites et les messages du milieu de la batellerie nous permet alors de suivre cette actualité silencieuse. Au service du bien commun, internet peut aussi rassembler toutes celles et ceux qui croient qu'une culture du dialogue et de la transparence est le meilleur gage de l'avenir de la batellerie. C’est pourquoi nous avons mis en ligne au Je Sers une DECLARATION DE SOUTIEN AUX EFFORTS DE DIALOGUE ET DE TRANSPARENCE. J’invite les gens d’à-terre à la signer, elle est accessible à partir du site bateaujesers.org : - déjà des acteurs se sont mobilisés et les principaux interlocuteurs de la profession se sont rencontrés : il est important que le dialogue puisse continuer. - des outils comptables et juridiques pour appliquer l'article 209 sont en cours d'élaboration : il est important qu'ils soient utilisés. En signant nombreux cette déclaration de soutien, nous voulons entretenir l'espérance des artisans du dialogue et de la transparence dans la batellerie. Et nous affirmons que leurs efforts de dialogue et de transparence participent à une logique de "mieux-disant social". Pourquoi l’article 209, en trouvant un mode d’application juste, ne pourrait-il pas s’exporter à Bruxelles ! De la passerelle Saint Nicolas à la construction européenne, il n’y qu’un pas, celui qui nous plonge dans la voie d’eau. Je tiens à vous dire, M. le Maire, toute notre satisfaction, ici au Je Sers, de pouvoir collaborer avec vous et vos services pour initier ce pas à travers les festivités du pardon national. Merci à M. Neyt pour son engagement au service de la flamme et des anciens combattants. Merci aussi aux nombreux bénévoles qui ont donné de leur temps et de leur énergie pour la réussite de ce 51ème pardon. Et je tiens tout particulièrement à citer le nom de M. Pierru, de l’Association Familiale de Mais alors que tous nos écrans sont tournés vers l’Afrique du Sud, vient à mon esprit un homme qui a porté d’une manière éclatante le sens du dialogue et de l’action collective au service de la justice et de la dignité humaine. Il nous partage une espérance qui nous rejoint chacun à notre place. Il nous invite à sortir de la peur pour oser nous engager au service du monde et pour nous libérer les uns les autres. Cet homme infiniment politique et spirituel qui ne connaît pas la voie d’eau, mais qui peut l’inspirer, c’est Nelson Mandela. Il nous dit le mot de la fin : « Notre peur la plus profonde n’est pas d’être incapable. Notre peur la plus profonde est d’être puissant au-delà de toute mesure. C’est notre lumière, pas notre ombre qui nous effraie le plus. Nous nous demandons : « Qui suis-je pour être brillant, magnifique, talentueux et fabuleux ? » En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être ? Vous êtes un enfant de Dieu. Jouer petit ne rend pas service au monde. Il n’y a rien de sage à rétrécir pour que les autres ne se sentent pas en danger, à cause de vous. Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est au dedans de nous. Elle n’est pas seulement dans certains d’entre-nous. Elle est en chacun. Et en laissant notre lumière briller, nous donnons aux autres la permission d’en faire autant. Lorsque nous sommes libérés de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres. (Nelson Mandela) » Nous croyons que la voie d’eau a un avenir et que les bateliers ont une chance à saisir dans son développement.
Nous croyons en même temps qu’ils ont un art de vivre propre à nous apporter : dans le rapport au temps et à l’environnement. Nous croyons que dans une société où vivre-ensemble est de plus en plus difficile, penser autrement la vie sur les fleuves et les canaux, c’est ouvrir un espace de respiration pour la vie sociale. Nous, de l’aumônerie nationale de la batellerie, nous avons foi en l’avenir et nous voulons partager un message d’espérance au nom de l’Eglise. Pour la batellerie, notre espoir... et notre vigilance vont ensemble : - Des axes fluviaux importants… malgré des infrastructures insuffisantes - Une nouvelle manière de communiquer entre bateliers et une capacité à se mobiliser… malgré le caractère toujours provisoire des accords - Un vrai métier, polyvalent, qui attire les jeunes… malgré un avenir qui est très incertain économiquement - Un esprit travailleur et indépendant des bateliers… malgré les risques de division et de replis sur ses propres intérêts - Un transport compétitif dont le caractère écologique commence à être reconnu… malgré un grenelle de l’environnement qui le soutien trop faiblement, faute de lobbying L'avenir que nous espérons est ainsi porté par un soutien vigilant aux efforts de dialogue et de transparence des acteurs de la voie d'eau. L'aumônerie nationale de la batellerie réunie à Paris le 18 mai 2010 Simple hasard, mais au moment du Grenelle 2 de l’environnement, les bateaux sont en travers des cours d’eau. La navigation est bloquée !
Le transport fluvial avec une croissance de 40 % en 10 ans constitue un formidable espoir pour la protection de notre environnement, en effet, la voie d’eau est le mode de transport qui a les plus faibles coûts externes. Ce mode valorise l’image des chargeurs qui l’utilisent telles les grandes enseignes de la distribution. C’est le transport de l’avenir et dans lequel l’Etat doit véritablement investir. Alors pourquoi cette colère des bateliers ? L’effondrement des frets n’assure même plus la couverture des charges d’exploitation ! La crise est arrivée par la Hollande, qui a commandé massivement des bateaux à la Chine. Les bateliers français accusent la Hollande de protectionnisme pour sa batellerie afin de s’accaparer tout le fret maritime, ce qui permet aux bateliers hollandais de travailler à bas prix disent-ils ! La revendication des bateliers français : Faire appliquer l’article 209 qui interdit de travailler à perte, mais pour cela, il faut avoir des éléments de contrôle. C’est pourquoi le syndicat La Glissoire a proposé au Ministère un seuil minimum de fret se référant d’une étude d’un cabinet hollandais (Néa). Il y a eu plusieurs réunions avec le Ministère, la C.N.B.A., le CAF, les courtiers, mais le Ministère refuse de légiférer « le seuil de rentabilité » ! L’article 209 existe bel et bien, il prévoit même une amende allant jusqu’à 15 000 € pour le batelier qui travaille à perte. Mais la loi ne peut -être appliquée faute de contenu… C’est toute la subtilité du conflit : appliquer une référence de prix, c’est une entente illégale dans le cadre du marché libre semble-il. Le marché libre est-il une histoire de fou ? C’est vrai que l’on pourrait dire que tous les ouvriers doivent avoir un salaire minimum, que la fermière doit vendre son lait à un prix qui lui permet de nourrir ses vaches, que le maraîcher doit gagner sa vie en vendant ses légumes et les pêcheurs doivent vivre de leur pêche, sinon le marché libre ferait désordre et maffieux ! Mais peut-être que le marché libre ne veut pas d’ouvriers, de fermiers ; de maraîcher, des pêcheurs, des bateliers, ils ne sont pas assez puissants pour négocier. C’est toujours une source d’inquiétude et de tristesse que provoque le blocage de nos voies d’eau. Les bateliers eux-mêmes se pénalisent et leurs clients fidèles attendent la marchandise ! Cela est bien compris par les responsables du syndicat mais ils ont évalué que la situation était devenue tellement grave pour certains qu’il fallait agir ! Nous avons un grand espoir qu’une solution acceptable va être trouvée. Des millions de franciliens respirent de l’air pollué. En plein Grenelle de l’environnement, l’alternative fluviale ne peut passer inaperçue, la colère des bateliers aura pour le moins rappelé qu’ils existent. Ils pourraient même se passer de certains intermédiaires si nécessité oblige, c’est aussi cela le marché libre ! Jean-Claude Malbrunot La crise que traversent les bateliers est grave. Elle remue les ministères et les médias autour d'une profession qui d'habitude ne fait pas parler d'elle. Comme toute crise, elle a de multiples causes. Justement, j'essaye de les comprendre sans m'y noyer. Les média radio, journaux et télé évoquent bien quelques aspects, mais ils suivent une histoire de barrages sur l'eau et sont dans l'attente d'un dénouement. Comme pour toute grève, le ressort dramatique, c'est que l'issue du conflit n'est pas encore connue : tant que le suspens dure, on en parle... alors :
OUI, les barrages sont la réponse, par la pression, à cette autre pression qu'est la chute des cours du fret NON, le libre échange ne garanti pas une justice des prix. OUI, il y nécessairement d'autres acteurs qui en tirent profit NON, la profession batelière dans son ensemble ne peut pas se laisser dépecer sans réagir OUI, la capacité des bateliers à s'organiser par d'autres voies que les barrages est centrale pour leur avenir NON, le travail à perte n'est pas un concept vide : il engage la dignité humaine OUI, il est possible de l'évaluer avec des hommes de bonne volonté en faisant appliquer l'article 209 NON, ce n'est pas une simple question technique pour quelques bateliers initiés OUI, l'enjeu est national et européen : les meilleurs équilibres peuvent s'exporter à Bruxelles s'ils sont soutenus Avec Jean-Claude, nous croyons qu'il est important de faire connaître les enjeux qui nourrissent la crise : nous souhaitons présenter le plus honnêtement possible ceux que nous observons à travers les échanges et les informations autour du "Je Sers". Le Web permet de mettre à jour et de partager des observations, c'est le "petit" medium qui nous reste. Nous espèrons pouvoir présenter quelques faits simples et largement partagés pour éviter la noyade des véritables enjeux. L'espace public du web est capable de fédérer une conscience de la voie d'eau comme bien commun. Ce n'est pas mon "métier" de faire du lobbying, ce mélange de communication et de politique... C'est vrai. Sauf s'il s'agit de communiquer le sens du bien commun : malheur à moi si je ne partage pas ce que je crois ! Or je crois que dans le conflit actuel, s'engager au coté des artisans ce n'est pas renforcer le corporatisme, c'est prendre le parti des petits contre les gros, et c'est les inviter à une logique de coopération contre les forces de divisions qui animent l'individualisme contemporain. C'est aussi entendre les incohérences de la régulation actuelle de la voie d'eau, et appeler conjointement les pouvoirs publics et l'opinion publique à s'y intéresser. Surtout, il y a des hommes et des femmes - et leurs enfants peuvent être aussi avec eux sur les bateaux - qui mènent un combat pour la dignité de leur métier. Ils méritent respect et justice. Tout le monde n'est pas de leur coté dans cette lutte, ni nécessairement de leur avis sur les moyens de ce combat. Moi-même, je me permet de ne pas trancher sur la question... Je ne suis qu'un observateur. Mais c'est précisément pour cela que je m'engage à dénoncer ce qui mérite de l'être : NON aux raccourcis et aux mensonges. OUI à une Vérité qui se partage : elle nous rendra libres ! P. Nicolas Tarralle a.a. La mobilisation du syndicat La Glissoire qui a mené jusqu'au barrage d'aujourd'hui doit beaucoup à la communication d'un batelier du Nord : Jacques Delhay. Un moyen précieux (même s'il n'est pas unique) pour suivre les évènements est de lire ses circulaires intitulées Cap à l'Amont
Parallèlement à ce travail syndical de mobilisation, la batellerie peut compter sur une Chambre Nationale de la Batellerie Artisanale qui structure déjà la profession en lien avec les ministères. Elle n'a pas la même liberté de parole qu'un syndicat ou qu'un particulier, mais elle a une précieuse capacité de médiation insitutionnelle. Ensemble, dans une collaboration constructive, La Glissoire et la CNBA ont des atouts pour faire entendre la voix des bateliers dans le dialogue social difficile qui se construit actuellement. Liberté de parole et médiations institutionnelles sont deux leviers qui méritent de coordonner leurs efforts au service des bateliers. P. Nicolas Tarralle a.a. Leur syndicat « La glissoire » monte au créneau !
Si le transport fluvial a toujours le vent en poupe et que les bateaux ne restent pas longtemps à vide, chacun pourrait penser que tout va bien pour les transporteurs fluviaux. Loin s’en faut, une dégringolade des frets atteint un niveau alarmant. Leur effondrement s’est fait cruellement ressentir pour les bateliers du Rhin. La principale cause, la crise mondiale, mais également une arrivée massive de nouveaux bateaux venant pour la plupart de Chine et destinés principalement aux bateliers néerlandais! Comme un virus malfaisant, le malaise arrive en France ! Sur la Seine, malgré un bon volume de marchandises à transporter et globalement peu d’attente, les frets descendent maintenant en dessous du seuil fatidique appelé : « seuil de rentabilité ». La formule «travailler plus pour gagner moins » colle aux transporteurs fluviaux, mais pour les jeunes qui ont fait confiance à une politique de relance de la voie d’eau, si la rentabilité n’est pas au rendez-vous, c’est le dépôt de bilan ! Le Grenelle de l’environnement oblige d’apporter des solutions pour diminuer la pollution. Le transport fluvial attire les chargeurs qui veulent intégrer l’atout écologique à leur image de marque. Les bateliers et les banques qui se sont engagés ont fait preuve de bon sens car la voie d’eau présente des avantages qui ne sont plus à négliger. Qui est coupable des frets de misère? Certains courtiers sont visés, ils sont les intermédiaires entre le client et le batelier. Ils se font aussi de la concurrence entre eux ! La coupe déborde Le 20 mars, « La Glissoire » organisait une réunion pour faire le point sur les démarches à entreprendre. Le Père Nicolas Tarralle et Jean-Marc Grillet, le Président de l’ESB avaient mis la grande salle du bateau chapelle à la disposition des bateliers. Elle était archi comble, les visages étaient graves, certains déclaraient le dépôt de bilan imminent si rien ne se passait ! La Glissoire a remis aux bateliers un questionnaire sur lequel chacun pourra donner des informations sur les frets pratiqués. Une étude va être réalisée pour calculer des prix de fret qui ne soient pas en dessous des coûts d’exploitation. Des contacts vont être pris avec les courtiers reconnus pour leur sérieux. Des prix de fret minimum sont même proposés au départ de certains ports, il n’est pas pour autant lancé de chiffres extravagants, ce que veulent les bateliers c’est que s’arrête cette pratique misérable de baisse de fret qui condamne à court terme leur entreprise. Contrôler les prix, comment? Le président de La Glissoire, M. Daniel CLAEYS n’y va pas par quatre chemins, si la situation n’évolue pas, des actions vont être menées pour décourager les bateliers et courtiers qui continueront de pratiquer des baisses abusives. Quant à l’action, quelques idées ont été lancées qui vont faire réfléchir. Il y a longtemps que l’on avait pas vu une telle détermination de la part des bateliers qui n’ont pas fait d’action spectaculaire depuis de longues années. Le Ministère des transports a reçu une délégation à laquelle 15 courtiers avaient été invités 5 seulement se sont présentés ! Les chargeurs, mais la population également, souhaitent une vraie alternative à la route. Ce n’est certainement pas le moment de laisser les transporteurs fluviaux déposer le bilan. Que dit la loi ? Un batelier déclarait à la réunion : « L’article 209 du code du domaine public fluvial interdit de travailler en dessous du seuil de rentabilité ! » Autrement dit, le marché libre n’autorise pas le n’importe quoi. Transformer les bateliers en galériens ne va pas attirer les jeunes, voilà aussi un aspect important à prendre en compte, il n’est pas des moindres avec tous les effectifs qui partent en retraite. L’action continue ! Le 27 mars une autre réunion va avoir lieu à Douai. Elle devrait faire, sans nul doute, déplacer beaucoup de monde. Le secteur fluvial constitue aujourd’hui un élément fort et déterminant de notre économie. Il mérite, plus que jamais la plus extrême attention des pouvoirs publics. Mais les bateliers doivent aussi se prendre en main ! C’est après cette seconde réunion que le syndicat « La Glissoire » va décider de la suite à donner. |
- Père Nicolas a.a.
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