Simple hasard, mais au moment du Grenelle 2 de l’environnement, les bateaux sont en travers des cours d’eau. La navigation est bloquée !
Le transport fluvial avec une croissance de 40 % en 10 ans constitue un formidable espoir pour la protection de notre environnement, en effet, la voie d’eau est le mode de transport qui a les plus faibles coûts externes. Ce mode valorise l’image des chargeurs qui l’utilisent telles les grandes enseignes de la distribution. C’est le transport de l’avenir et dans lequel l’Etat doit véritablement investir. Alors pourquoi cette colère des bateliers ? L’effondrement des frets n’assure même plus la couverture des charges d’exploitation ! La crise est arrivée par la Hollande, qui a commandé massivement des bateaux à la Chine. Les bateliers français accusent la Hollande de protectionnisme pour sa batellerie afin de s’accaparer tout le fret maritime, ce qui permet aux bateliers hollandais de travailler à bas prix disent-ils ! La revendication des bateliers français : Faire appliquer l’article 209 qui interdit de travailler à perte, mais pour cela, il faut avoir des éléments de contrôle. C’est pourquoi le syndicat La Glissoire a proposé au Ministère un seuil minimum de fret se référant d’une étude d’un cabinet hollandais (Néa). Il y a eu plusieurs réunions avec le Ministère, la C.N.B.A., le CAF, les courtiers, mais le Ministère refuse de légiférer « le seuil de rentabilité » ! L’article 209 existe bel et bien, il prévoit même une amende allant jusqu’à 15 000 € pour le batelier qui travaille à perte. Mais la loi ne peut -être appliquée faute de contenu… C’est toute la subtilité du conflit : appliquer une référence de prix, c’est une entente illégale dans le cadre du marché libre semble-il. Le marché libre est-il une histoire de fou ? C’est vrai que l’on pourrait dire que tous les ouvriers doivent avoir un salaire minimum, que la fermière doit vendre son lait à un prix qui lui permet de nourrir ses vaches, que le maraîcher doit gagner sa vie en vendant ses légumes et les pêcheurs doivent vivre de leur pêche, sinon le marché libre ferait désordre et maffieux ! Mais peut-être que le marché libre ne veut pas d’ouvriers, de fermiers ; de maraîcher, des pêcheurs, des bateliers, ils ne sont pas assez puissants pour négocier. C’est toujours une source d’inquiétude et de tristesse que provoque le blocage de nos voies d’eau. Les bateliers eux-mêmes se pénalisent et leurs clients fidèles attendent la marchandise ! Cela est bien compris par les responsables du syndicat mais ils ont évalué que la situation était devenue tellement grave pour certains qu’il fallait agir ! Nous avons un grand espoir qu’une solution acceptable va être trouvée. Des millions de franciliens respirent de l’air pollué. En plein Grenelle de l’environnement, l’alternative fluviale ne peut passer inaperçue, la colère des bateliers aura pour le moins rappelé qu’ils existent. Ils pourraient même se passer de certains intermédiaires si nécessité oblige, c’est aussi cela le marché libre ! Jean-Claude Malbrunot
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La crise que traversent les bateliers est grave. Elle remue les ministères et les médias autour d'une profession qui d'habitude ne fait pas parler d'elle. Comme toute crise, elle a de multiples causes. Justement, j'essaye de les comprendre sans m'y noyer. Les média radio, journaux et télé évoquent bien quelques aspects, mais ils suivent une histoire de barrages sur l'eau et sont dans l'attente d'un dénouement. Comme pour toute grève, le ressort dramatique, c'est que l'issue du conflit n'est pas encore connue : tant que le suspens dure, on en parle... alors :
OUI, les barrages sont la réponse, par la pression, à cette autre pression qu'est la chute des cours du fret NON, le libre échange ne garanti pas une justice des prix. OUI, il y nécessairement d'autres acteurs qui en tirent profit NON, la profession batelière dans son ensemble ne peut pas se laisser dépecer sans réagir OUI, la capacité des bateliers à s'organiser par d'autres voies que les barrages est centrale pour leur avenir NON, le travail à perte n'est pas un concept vide : il engage la dignité humaine OUI, il est possible de l'évaluer avec des hommes de bonne volonté en faisant appliquer l'article 209 NON, ce n'est pas une simple question technique pour quelques bateliers initiés OUI, l'enjeu est national et européen : les meilleurs équilibres peuvent s'exporter à Bruxelles s'ils sont soutenus Avec Jean-Claude, nous croyons qu'il est important de faire connaître les enjeux qui nourrissent la crise : nous souhaitons présenter le plus honnêtement possible ceux que nous observons à travers les échanges et les informations autour du "Je Sers". Le Web permet de mettre à jour et de partager des observations, c'est le "petit" medium qui nous reste. Nous espèrons pouvoir présenter quelques faits simples et largement partagés pour éviter la noyade des véritables enjeux. L'espace public du web est capable de fédérer une conscience de la voie d'eau comme bien commun. Ce n'est pas mon "métier" de faire du lobbying, ce mélange de communication et de politique... C'est vrai. Sauf s'il s'agit de communiquer le sens du bien commun : malheur à moi si je ne partage pas ce que je crois ! Or je crois que dans le conflit actuel, s'engager au coté des artisans ce n'est pas renforcer le corporatisme, c'est prendre le parti des petits contre les gros, et c'est les inviter à une logique de coopération contre les forces de divisions qui animent l'individualisme contemporain. C'est aussi entendre les incohérences de la régulation actuelle de la voie d'eau, et appeler conjointement les pouvoirs publics et l'opinion publique à s'y intéresser. Surtout, il y a des hommes et des femmes - et leurs enfants peuvent être aussi avec eux sur les bateaux - qui mènent un combat pour la dignité de leur métier. Ils méritent respect et justice. Tout le monde n'est pas de leur coté dans cette lutte, ni nécessairement de leur avis sur les moyens de ce combat. Moi-même, je me permet de ne pas trancher sur la question... Je ne suis qu'un observateur. Mais c'est précisément pour cela que je m'engage à dénoncer ce qui mérite de l'être : NON aux raccourcis et aux mensonges. OUI à une Vérité qui se partage : elle nous rendra libres ! P. Nicolas Tarralle a.a. La mobilisation du syndicat La Glissoire qui a mené jusqu'au barrage d'aujourd'hui doit beaucoup à la communication d'un batelier du Nord : Jacques Delhay. Un moyen précieux (même s'il n'est pas unique) pour suivre les évènements est de lire ses circulaires intitulées Cap à l'Amont
Parallèlement à ce travail syndical de mobilisation, la batellerie peut compter sur une Chambre Nationale de la Batellerie Artisanale qui structure déjà la profession en lien avec les ministères. Elle n'a pas la même liberté de parole qu'un syndicat ou qu'un particulier, mais elle a une précieuse capacité de médiation insitutionnelle. Ensemble, dans une collaboration constructive, La Glissoire et la CNBA ont des atouts pour faire entendre la voix des bateliers dans le dialogue social difficile qui se construit actuellement. Liberté de parole et médiations institutionnelles sont deux leviers qui méritent de coordonner leurs efforts au service des bateliers. P. Nicolas Tarralle a.a. |
- Père Nicolas a.a.
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